Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Kampucheagro

Dame Palmier à Sucre

18 Avril 2015, 10:10am

Publié par Elise Grison et Anaïs Milet

Dame Palmier à Sucre

Salut à toi, Français !

Moi, c’est Madame Thnaot, de mon nom khmer. Vous pouvez m’appeler Dame Palmier à Sucre. Je suis un arbre emblématique du Cambodge, on me surnomme même « l’arbre au 101 usages ». Je viens du sud de l’Inde ou du nord de Sri Lanka et aujourd’hui, je suis exploitée dans toute l’Asie du Sud-est et plus spécifiquement en Birmanie, dans le sud de la Thaïlande et au Cambodge. C’est à Oudom Soriya que j’ai fait la connaissance de 2 françaises. Il n’est pas très difficile de me trouver dans cette région, je me plais bien dans les terrasses moyennes de la région de Takeo. Ces 2 jeunes ont été très impressionnées par l’ascension des paysans le long de mon tronc. Comme ma taille peut atteindre 20m, je vous accorde que tout le monde ne s’y risque pas, même avec une échelle de bambou, parfois fixée à mon tronc. Une belle occasion pour moi de me faire connaitre à l’autre bout du monde !

En tant que Dame Palmier, je produis des fruits. Mes graines sont pulpeuses et savoureuses quand mes fruits sont encore assez jeunes et font la joie des gourmands :

Miam miam miam...Miam miam miam...
Miam miam miam...
Miam miam miam...Miam miam miam...

Miam miam miam...

Si mon fruit est plus mûr, mes graines deviennent trop dures pour être mangées à la cuillère, on en fait alors des gâteaux ou d’autres plats traditionnels de la cuisine khmer. La dernière partie de mon fruit peut être donnée aux vaches comme fourrage.

Petit gateaux au riz, noix de coco et chair de palmier a sucre cuits dans une feuille de banane a la vapeurPetit gateaux au riz, noix de coco et chair de palmier a sucre cuits dans une feuille de banane a la vapeur

Petit gateaux au riz, noix de coco et chair de palmier a sucre cuits dans une feuille de banane a la vapeur

Dame Palmier à Sucre

Quand à mes palmes, elles sont utilisées pour construire les maisons. S’il en a besoin, le paysan va monter à mon sommet et me faire une petite coupe bien nette :

Dame Palmier à Sucre

Ensuite, mes feuilles seront laissées sur place pour sécher pendant plusieurs jours, puis, elles seront tressées pour constituer un mur ou un toit. Le paysan utilisera des bambous pour l’armature. Ensuite, elles seront placées dans l’eau pendant 1 semaine, ce qui les rendra beaucoup plus solides.

Mes feuilles sont également crantées et peuvent être utilisées pour tuer les poulets. Elles ont aussi été utilisées pendant le période Khmer Rouge pour égorger les prisonniers, afin d’économiser des balles.

Dame Palmier à Sucre

Et enfin… mon sucre !
C’est ce qui fait toute ma réputation. C’est son utilisation principale et elle peut générer des revenus. La récolte se déroule pendant la saison sèche, de décembre à juin. L’agriculteur devra monter le matin et le soir en haut du palmier pour récolter la sève. Il coupe les fleurs et place un réservoir en bambou pour la récolter. 12h après, il remonte le long de mon tronc pour récupérer son réservoir plein et en mettre un nouveau. Je peux alors produire pendant 24h ! Avec ma sève, le paysan peut produire du sucre : il la fait cuire dans une grosse marmite pendant 3 à 4h puis récupère la pate et la fait cristalliser dans des jarres ou en palets. Mon sucre est très bon, doux et riche en minéraux (même Gandhi était un grand fan !).

Dame Palmier à Sucre

Ce n’est pas pour me vanter, mais je trouve que je suis plutôt un arbre sympathique ! Pourtant, les paysans cambodgiens n’aiment pas beaucoup me voir le long de leurs rizières : ils se plaignent de mon ombre et de mes palmes qui en tombant, écrasent leur pousses de riz. Il me trouve aussi dangereux car quand mes fruits tombent, ça peut faire très mal… Il me plante de moins en moins et pour tout vous dire, sans leur aide, j’ai bien du mal à produire un petit palmier. Mes fruits tombés peuvent germer sur place mais c’est plutôt rare.
Aujourd’hui, après des siècles de bons et loyaux services, on me plante de moins en moins. D’abord il faudra attendre 15 à 20 ans après m’avoir plantée pour commencer à récolter ma sève, ce qui est plutôt long… Ensuite malgré les grandes propriétés de mon sucre, la canne à sucre me fait de la concurrence. Les revenus que je peux générer sont relativement faible pour une familles, les combustibles nécessaires pour la transformation sont de plus en plus coûteux et je vous l’accorde, tout le monde ne peut pas grimper le long de mon tronc. Dans les campagnes, les murs sont maintenant en briques et les toits en béton. Je ne suis finalement utilisée que par les plus pauvres.
Si je reste peu productive pour mon sucre, mon avenir réside sûrement dans la confection de pâtisseries et de chapeaux pour les touristes…

Dame Palmier à Sucre
Commenter cet article